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Les statistiques des auteurs indépendants

auteurs indépendants

Statistiques des auteurs indépendants 2023, basées sur les revenus 2022

Cette enquête a pour but de qualifier le marché de l’autoédition francophone, de mieux comprendre les habitudes des autoédités, ainsi que leurs revenus, leurs dépenses et leurs modes de fonctionnement. Elle a été préparée par AD Martel et Jupiter Phaeton.

Nous remercions BoD, Kobo et Bookelis pour leur participation à la récolte des données.

Pourquoi cette enquête ?

Cette enquête a pour but de qualifier le marché de l’autoédition francophone, de mieux comprendre les habitudes des autoédités, ainsi que leurs revenus, leurs dépenses et leurs modes de fonctionnement. Cette étude a un but à long terme également : en administrant ce questionnaire année après année, nous pourrons analyser l’évolution du marché. Même si nous confronterons certains chiffres avec ceux de l’édition traditionnelle, cette étude n’a pas pour but de lancer une polémique entre l’autoédition et l’édition traditionnelle. Nous sommes persuadées qu’elles peuvent toutes deux cohabiter et être complémentaires.

Cadre de l’enquête

Cette enquête est basée sur du déclaratif. Cette enquête vise les auteurs qui ont déjà publié un livre en français en autoédition avant 2023. L’année 2023 a été exclue des résultats. Elle a été diffusée auprès d’auteurs à travers les mailings lists d’auteurs déjà autoédités, via leurs réseaux sociaux et via des plateformes spécialisées dans l’autoédition. Elle a donc un biais important : la typologie des auteurs qui nous suivent.

Un exemple de ce biais : dans le cadre de la mailing list de Jupiter Phaeton, nous retrouvons une forte tendance à avoir des auteurs qui publient dans le genre de la fantasy ou de l’urban fantasy, du fait qu’elle-même publie dans ce genre, et qu’elle a attiré à elle des auteurs de ce genre littéraire.

Par ailleurs, Jupiter Phaeton n’a pas répondu au questionnaire, car les chiffres auraient beaucoup gonflé, et le biais était déjà important.

Cette enquête a été diffusée du 1er août au 9 septembre 2023, via un formulaire Google. Les répondants sont anonymes. Nous avons obtenu 281 répondants, ce qui est bien loin de l’objectif que nous nous étions fixés, de 1000 répondants, afin d’avoir un échantillon stable. Nous allons bien sûr réfléchir à ce qui a entraîné si peu de réponses, et nous mènerons deux actions avant l’administration de ce questionnaire l’année prochaine :

– améliorer la communication pour bien indiquer que même si on n’a publié qu’un seul livre en autoédition, on est éligible pour répondre à ce questionnaire

– simplifier le questionnaire, pour le rendre plus facile et plus rapide à répondre

Qu’est-ce que l’autoédition ?

L’autoédition est un système par lequel un auteur maîtrise de A à Z la chaîne du livre. Non seulement il écrit, mais il se charge aussi de la correction, de la mise en page, du choix de la couverture (bien souvent en payant lui-même des professionnels ; éditeurs, correcteurs et illustrateurs sont ses meilleurs alliés), mais également en assurant la publication et la promotion de ses propres ouvrages. Il est également responsable de ses choix de canaux de distribution et de diffusion éventuels. Nous n’allons pas entrer dans le détail, mais en résumé, l’auteur assume le risque économique. Bien souvent, il ne possède pas la force de frappe des maisons d’édition et est absent des librairies (il y a des exceptions, notamment grâce à des programmes proposés par des plateformes, avec bien souvent des frais en plus).

L’édition traditionnelle, aussi dite « à compte d’éditeur » est la mieux connue : l’auteur signe un contrat d’édition avec une maison d’édition. Contre un certain pourcentage (dans sa dernière enquête, la SCAM mentionne un taux de rémunération de 5 à 20 % du prix public hors taxe de l’ouvrage, avec un taux moyen de 8,2 %, l’auteur cède ses droits. L’éditeur va dès lors se charger de la publication du manuscrit et de sa distribution (éventuellement sa diffusion), sans demander un seul centime à l’auteur. C’est donc la maison d’édition qui prend tous les risques financiers.

L’édition « à compte d’auteur » propose également un contrat à l’auteur, mais la structure lui réclame de l’argent en contrepartie (payer la couverture, acheter un minimum d’exemplaires…). La communauté des auteurs (qu’ils soient autoédités ou non) tend à fuir ce genre de procédés, qui dissimule nombre d’arnaques. Il est important de noter que toutes les maisons d’édition à compte d’auteur ne sont pas des arnaques, et que certaines pratiquent leur métier de manière fiable et éthique. C’est le principe de céder ses droits ET d’assumer en même temps les risques financiers, qui ne plaît pas aux auteurs, en plus des charlatans qui tentent de vendre ce procédé sur internet sans même assurer des services derrière et en s’appuyant sur le besoin de reconnaissance de ces auteurs.

Voici les trois grandes tendances de l’édition. D’autres existent, bien entendu, mais ces éclaircissements permettent de mieux comprendre où se situe l’autoédition, parfois confondue à tort avec l’édition à compte d’auteur.

Entrons maintenant dans l’analyse des données de cette étude.

Le profil

Quel type d’auteur a répondu à l’enquête ?

Parmi les 281 répondants, 79,4% déclarent se publier uniquement en autoédition, tandis que 20,6% sont des auteurs dits hybrides, qui sont publiés à la fois en autoédition et en maison d’édition.

Le genre littéraire principal

41,03% des répondants déclarent publier principalement dans le genre de la fantasy, science-fiction ou fantastique. 18,32% déclarent publier dans le genre de la romance et des comédies romantiques. 9,52% déclarent publier dans le genre du thriller et des enquêtes. 6,96% déclarent publier principalement en littérature blanche. 23,9% publient dans les autres genres littéraires. On peut trouver le détail par genre littéraire ci-dessous.

Nous pensons ici qu’il y a un énorme biais sur le genre de la fantasy, liée à la nature des auteurs qui ont partagé le questionnaire. Généralement, la romance est plus représentée parmi les auteurs autoédités.

Répartition des répondants selon le genre littéraire principal

Genre littéraire%
Biographie1,10%
Développement personnel2,20%
Drame psychologique1,10%
Érotique1,10%
Fantasy-SF-Fantastique41,03%
Feel-good5,86%
Fiction historique2,56%
Horreur0,73%
Jeunesse  (-de 12/13 ans)2,56%
LGBTQ+3,30%
Littérature blanche6,96%
Non fiction autres2,93%
Nouvelles0,73%
Romance et comédies romantiques18,32%
Thriller / Policier / Enquêtes9,52%
Total général100,00%

Parmi ces auteurs, 40,29% déclarent publier uniquement dans leur genre principal.

Publient-ils dans un autre genre littéraire que leur genre littéraire principal ?

Nous pouvons observer dans le tableau suivant que 40,9% de l’échantillon ne publie que dans un seul genre littéraire. Parmi ceux qui publient dans d’autres genres littéraires, on voit là aussi l’émergence de la SFFF, ainsi que de la romance, un genre très plébiscité.

Quand ont-ils commencé à se publier en autoédition ?

On remarque l’explosion de l’autoédition au cours des quatre dernières années. 27,79% seulement des répondants déclarent avoir commencé à s’autoéditer avant 2019. Depuis 2019, 72,21% des répondants ont commencé à s’autoéditer. Plusieurs hypothèses peuvent être formulées à ce sujet :

L’année 2019 semble être une année pivot, cela pourrait être lié à un biais des données, du fait que Jupiter Phaeton a commencé à se publier en 2018, et que nombre des abonnés à sa newsletter se sont donc lancés après son succès.

On pourrait aussi y voir une croissance de l’autoédition, et un vent de mode, grâce à l’essor des réseaux sociaux. Du fait qu’il est de plus en plus difficile d’accéder à une publication en maison d’édition, et que l’autoédition a gagné en visibilité, de plus en plus de personnes franchissent le pas de s’autoéditer. L’autoédition a commencé à se professionnaliser, et même si les mœurs changent lentement, ce n’est plus aussi mal-vu de s’autopublier. Sans compter que les success stories sur les réseaux encouragent les auteurs à tenter leur chance.

Si la croissance de l’autoédition est indéniable, un autre point qu’il faut rappeler est que l’épidémie de Covid-19 est survenue en 2020. Beaucoup de personnes se sont alors mises à écrire un livre, et ont concrétisé la publication en 2021, ce qui pourrait expliquer la croissance de 2021, suivie par une chute en 2022, avec un retour à la routine. Après le Covid-19, les maisons d’édition ont elles aussi eu une explosion en termes de réception de manuscrits, ce qui semble être un bon parallèle avec nos observations. En moyenne, les maisons d’édition ont enregistré une hausse de 40% de réception des manuscrits pendant l’après-Covid (https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/a-paris-comme-en-region-les-editeurs-croulent-sous-les-manuscrits-d-ecrivains-en-herbe_4276419.html).

Répartition des auteurs par rapport à leur première année de publication

Combien ont-ils publié de livres au cours de leur carrière ?

Parmi les répondants, 13,55% ont publié un seul livre, mais 50% de ces 13,55% ont commencé à se publier en 2022. Parmi les répondants, 46,52% ont publié entre 2 et 5 livres, 21,25% ont publié entre 6 et 10 livres et 18,68% ont publié 11 livres et plus.

Répartition du nombre de livres publiés en autoédition

Publient-ils des audiobooks ?

L’audiobook est un marché en forte croissance, à raison de 26,4% par an et selon les estimations, d’ici 2030, l’audiobook pourrait représenter 21,39% des revenus du marché du livre dans le monde. Il nous paraissait donc intéressant de savoir si les autoédités disposaient d’un format audio de leurs livres. On peut observer que 10% d’entre eux ont publié des audiobooks, soit par eux-mêmes, soit en cédant leurs droits.

Répartition de la publication, ou non, de la publication en audiobook

Ont-ils une activité professionnelle à côté ?

La majorité des répondants disposent d’une activité professionnelle à côté de l’écriture de leurs livres. 35,6% des répondants n’ont déclaré que leur activité d’écriture. Il est à noter qu’un biais est fort possible ici, en raison des canaux de diffusion du questionnaire, qui visent des auteurs potentiellement déjà professionnalisés.

Répartition de la présence, ou non, d’une activité professionnelle à côté

Vivent-ils de leurs revenus d’autoédition ?

Il est à noter que cette question est ouverte à l’interprétation, dans le sens où nous n’avons pas donné de spécifications ou d’exemples. Elle peut être interprétée dans le sens où les auteurs interrogés gagnent suffisamment pour vivre et continuer d’exercer ce métier, elle peut aussi être interprétée dans le sens où il s’agit de leurs uniques revenus et même si ce n’est pas assez pour être à l’aise financièrement, c’est ce qui les fait vivre aujourd’hui. Elle ne prend pas non plus en compte le foyer global : la présence d’un potentiel conjoint qui pourrait assurer une plus grosse partie des revenus, tandis que l’auteur vient combler le manque à gagner, sans que ce soit nécessairement une grosse somme. Cela étant dit, nous savons qu’il y a aussi des foyers où l’inverse se produit : l’auteur ramène plus que son conjoint, et nous ne donnons pas cet exemple pour dire que les auteurs ne gagnent pas leur vie. Nous indiquons simplement le biais possible dans les réponses à cette question.

À cette question, seulement 17,4% des auteurs ont déclaré vivre de leurs revenus d’autoédition. Quand on croise les données avec les 35,6% qui déclarent n’avoir que cette activité, 24,2% de ces 35,6% ne vivent pas de leurs revenus en autoédition, soit un peu moins d’un quart.

Répartition des répondants en fonction de s’ils vivent, ou non, de leurs revenus en autoédition

Combien de temps passent-ils sur leur activité d’autoédition ?

Ici, nous observons que les réponses sont très bien réparties. 25,6% des répondants indiquent travailler toute la journée sur leur activité d’écriture, 22,1% déclarent travailler toute une après-midi ou une matinée sur cette activité par semaine, 27,4% déclarent travailler une à deux heures par jour sur cette activité par semaine, 24,9% des répondants indiquent travailler seulement quelques heures par semaine.

Sans surprise, ceux qui déclarent n’y passer que quelques heures par semaine, ou une à deux heures par jour, ne vivent pas de leur plume, à raison de 99% de l’échantillon.

Répartition du temps passé sur l’activité d’autoédition

Les canaux de distribution

Vendent-ils en exclusivité sur une seule plateforme, ou sur plusieurs plateformes ?

74,7% des auteurs déclarent vendre leurs ebooks en exclusivité via KDP. 24,2% déclarent vendre sur plusieurs plateformes (via Immatériel ou en direct). Une écrasante majorité n’utilise donc qu’une seule plateforme : KDP. Un déclarant indique ne pas vendre d’ebooks, uniquement des formats papiers.

Répartition des ventes d’ebooks : exclusivité, ou non

Vendent-ils principalement leurs formats papiers en ligne ?

Le tableau suivant parle pour lui-même : 94% des répondants indiquent vendre en ligne, seulement 23,1% indiquent être disponibles à la commande en librairie, et seulement 2,8% disposent de moyens de diffusion. Près de la moitié des répondants indiquent vendre en salon également.

Les autoédités sont très représentés en ligne, en raison du fait que c’est un marché accessible pour eux. Comme nous allons le voyons, ils sont peu disponibles en librairie, et sont très rarement diffusés, c’est-à-dire visibles sur les rayons des librairies, car commandés par les libraires pour être mis en rayon. Ici, il faut bien noter qu’il y a plusieurs marchés au sein de l’immense marché du livre : notamment le marché numérique, le marché papier en ligne, le marché papier en librairie et le marché audio. La révolution numérique a entraîné une révolution de l’autoédition : d’un seul coup, s’autopublier est devenu facile et accessible, grâce à des plateformes comme Kindle Direct Publishing, Kobo, Books on Demand et bien d’autres. KDP et maintenant Kobo, ont mis en place un abonnement pour leurs lecteurs, et donc une rémunération liée à cet abonnement pour les auteurs. Ces abonnements sont devenus de plus en plus populaires au fil des années, et on y retrouve principalement des titres d’autoédités. En effet, peu de maisons d’édition ont franchi le pas de positionner leurs livres dans ces abonnements. Si on observe le top 100 de la boutique Kindle sur Amazon, en moyenne, seulement 20 à 25% des titres sont issus de maisons d’édition et quasiment aucun ne sont dans l’abonnement Kindle, ce qui explique d’ailleurs pourquoi ils ne sont pas très présents dans le top 100. Les tarifs pratiqués par les maisons d’édition sur les ventes sèches de leurs produits numériques sont aussi en moyenne plus élevés que les tarifs pratiqués par les autoédités. Il faut savoir que ces deux acteurs du marché, les maisons d’édition, et les autoédités, n’ont pas le même nombre d’intermédiaires dans la chaîne de publication. L’autoédition est une ligne bien plus directe : par exemple il y a l’auteur, puis KDP Amazon, puis le lecteur. Tandis que dans une maison d’édition, il y a l’auteur, la maison d’édition, un distributeur même pour le format numérique, et la plateforme de vente finale, ce qui explique, du fait du nombre d’acteurs dans cette chaîne, qu’il faille avoir un prix plus élevé pour pouvoir rémunérer tout le monde.

Ainsi, le prix plus abordable, la présence dans l’abonnement Kindle, ou Kobo, permet aux autoédités d’être bien plus visibles et de vendre plus sur le marché numérique que les maisons d’édition. Cet effet a un rebond sur leurs ventes papiers également. On peut aussi observer cette tendance en comparant le nombre d’évaluations sur un livre autoédité et sur un livre de maison d’édition. Beaucoup de livres autoédités dépassent 1000 évaluations sur Amazon, parfois même 2000. Pour des livres qui ont eu énormément de succès dans les librairies du côté des maisons d’édition, on observe généralement 4 fois moins de commentaires que pour un livre à succès autoédité sorti à peu près aux mêmes dates. Nous avons donc ici la présence de sous-marchés très différents, où les acteurs principaux ne sont pas les mêmes.

Nous avons eu du mal à trouver des chiffres récents du côté de l’édition traditionnelle, pour comparer avec cette tendance écrasante en autoédition sur la vente en ligne, qu’il s’agisse du format papier ou non. Les chiffres que nous avons trouvé pour le marché français datent de 2016 et ne nous semblent pas pertinents à étudier au vu de l’évolution importante du marché numérique au cours des dernières années. L’étude la plus récente que nous avons trouvé concerne la Belgique. C’est une étude de la Fédération Wallonie-Bruxelles, centrée sur l’édition traditionnelle, où seulement 22% des auteurs interrogés indiquent être d’accord avec la phrase « mes publications se vendent bien en ligne ».

Graphique des canaux de ventes utilisés

Quel est le canal où ils vendent le plus ?

67,7% des répondants vendent principalement leur format papier en ligne via Amazon, mais 20,4% déclarent vendre plus en salon.

Chiffre d’affaires, revenus, dépenses et bénéfices

Explications de ce qu’on entend par chiffre d’affaires

Le chiffre d’affaires ici mentionné constitue le total des ventes perçues par l’auteur (donc sans la TVA et sans les retenues des intermédiaires éventuels comme les libraires ou les plateformes de vente en ligne).

Exemple 1 : Je touche 1000 euros de redevances Amazon. Amazon s’occupe déjà de verser la TVA à l’État, et me paye une fois qu’il a prélevé sa part. Mon chiffre d’affaires est de 1000 euros.

Exemple 2 : Mon livre coûte 10,6 euros TVA comprise (le prix HT est de 10 euros). Le libraire vend deux livres et garde 30% (3 euros) sur le prix du livre (comme il en vend 2, il garde 6 euros). Mon chiffre d’affaires est donc de 14 euros ( [2 x 10,6] – [1,2  + 6] ).

Exemple 3 : Les exemples 1 et 2 s’appliquent à mon activité. J’additionne les montants. Mon chiffre d’affaires est de 1014 euros.

Certains auteurs touchent d’autres revenus annexes, liés à leur activité d’écrivain, mais qui ne concernent pas la vente de livres, comme des ateliers d’écriture ou des formations. Ce n’est pas l’objet de l’étude ici, et nous n’avons donc pas identifié ces revenus.

Quel a été leur chiffre d’affaires en 2020 ?

En 2022, la moyenne du chiffre d’affaires annuel des répondants est de 9072€, nous avons inclus les répondants qui indiquent avoir fait 0€ de chiffre d’affaires pour cette année. Nous avons éliminé les réponses non cohérentes (chiffre d’affaires négatif) et les réponses de ceux qui nous ont indiqué ignorer la donnée. Cette moyenne est établie sur 269 répondants. En voici la répartition :

Répartition du chiffre d’affaires au sein des auteurs

CA des auteursNb d’auteurs%
Aucun62,23
Entre 1 et 5008431,23
Entre 501 et 1000269,66
Entre 1001 et 1500155,58
Entre 1501 et 2000124,46
Entre 2001 et 50003914,50
Entre 5001 et 100002910,78
Entre 10001 et 20000186,69
Entre 20001 et 30000176,32
Entre 30001 et 4000082,97
Entre 40001 et 5000041,49
Entre 50001 et 7500041,49
Entre 75001 et 10000041,49
Entre 100001 et 12500031,11
TOTAL269100

Croisement des données : chiffre d’affaires et nombre de livres publiés

41 répondants n’ont pas publié de livres en 2022, soit 15,2% de l’échantillon (sur la base des 269 répondants pour cette partie). Une personne a publié un livre en 2022 et n’a généré aucun chiffre d’affaires. Mais pour les 7 autres personnes qui déclarent n’avoir généré aucun chiffre d’affaires en 2022, il est à noter qu’elles n’ont publié aucun livre en 2022. Même si nous aimerions que nos livres aient une vie éternelle, il est tout de même rassurant de noter cette corrélation entre la non-publication et l’absence de chiffre d’affaires. Si nous avions eu beaucoup de réponses avec aucun chiffre d’affaires et des livres publiés, il aurait fallu tirer la sonnette d’alarme.

Sans surprise, ceux qui publient le moins en 2022, génèrent le moins de revenus.

Parmi les 99 personnes qui n’ont publié qu’un livre en 2022, 44 ont un chiffre d’affaires entre 1 et 500 euros, et 25 entre 500 et 2000 euros, soit plus de la moitié des répondants.

Répartition du chiffre d’affaires 2022 en fonction du nombre de livres publiés en 2022, en % de l’échantillon

Nous avons procédé à un croisement de données similaires, mais cette fois par rapport au nombre de livres publiés tout au long de la carrière de l’auteur, puisque les livres peuvent continuer de rapporter bien après leur publication. Les résultats sont similaires.

Répartition du chiffre d’affaires 2022 en fonction du nombre de livres publiés au cours de la carrière de l’auteur, en % de l’échantillon

Croisement du chiffre d’affaires avec le genre littéraire

Nous voulions observer la corrélation du genre littéraire avec le chiffre d’affaires 2022, mais le biais sur la fantasy est persistant, du fait des canaux de distribution de ce questionnaire. Il ne nous a donc pas paru pertinent de présenter les résultats de ce croisement de données, car les plus gros revenus sont issus de la SFFF, du fait de la surreprésentation de ces auteurs au sein de l’échantillon. Cette donnée ne nous paraît pas représentative du marché.

Bénéfices 2022

Il est à noter que la réponse à cette question est du déclaratif, que même si nous avons tenté d’apporter le plus de précisions possibles sur la manière de calculer le bénéfice, c’est-à-dire en soustrayant toutes les dépenses au chiffre d’affaires (comme les corrections, frais de couverture…), mais avant d’avoir payé les cotisations sociales ou l’impôt sur le revenu, nous ne sommes pas certaines que tous les auteurs aient suivi ce modèle pour indiquer leur bénéfice.

La moyenne des bénéfices annuels déclarés par les répondants est de 5371€ soit 447,58€ par mois. Il faudrait quatre fois ce montant pour rattraper le SMIC brut français, établi à 1 747,20€ au moment de cette étude (https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2300). Il est à noter que le SMIC belge est de 1 955€ brut, soit plus élevé que le SMIC brut français.

Plus d’un quart (25,75%) des répondants indiquent avoir fini l’année en négatif, c’est-à-dire qu’ils ont dépensé plus qu’ils n’ont gagné.

6,72% indiquent n’avoir généré aucun bénéfice. Nous avons donc un tiers de l’échantillon (32,47%) qui n’a généré aucun bénéfice, ou a été à perte.

64,55% des répondants indiquent avoir gagné moins de 1500 euros sur l’année. 26,49% des répondants ont généré entre 1501 et 20 000 euros de bénéfices au cours de l’année. 8,96% des répondants indiquent avoir généré des bénéfices supérieurs à 20 000 euros, soit presque égal ou supérieur au SMIC dans la majorité des pays. Il est à noter que ça ne signifie pas qu’ils vivent pour autant de leur plume, ou qu’ils sont à temps plein sur cette activité, du fait que tout le monde n’a pas besoin des mêmes sommes pour vivre ou assumer son foyer. Il nous paraît néanmoins intéressant de comparer ces revenus avec ceux des salaires minimums. Un des répondants a généré plus de 50 000 euros de bénéfices sur l’année 2022. Une personne est même au-delà des 100 000 euros de bénéfices.

Répartition des bénéfices en %

Nous avons choisi de comparer ces chiffres avec ceux de l’étude de la Fédération des auteurs en Wallonie-Bruxelles, qui est l’une des plus récentes que nous avons pu trouver. Elle se base sur les revenus 2019 des auteurs en maison d’édition. 66% des auteurs indiquent avoir gagné moins de 500€ par mois (après impôts, ce qui présente une différence avec ce que nous avions demandé aux auteurs indépendants de notre côté), soit moins de 6000€ à l’année. Il n’y a que 7% de l’échantillon qui perçoivent plus de 2000€ par mois. Dans le cas de notre étude, 8,96% des répondants déclarent avoir réalisé plus de 20 000€ de bénéfices sur l’année, avant taxations. Bien sûr ramené au mois, pour ceux qui sont dans la tranche basse de ces « plus de 20 000€ » cela signifie moins de 2000€ net par mois. Mais il semble que les chiffres soient plutôt parallèles entre les maisons d’édition et les auteurs indépendants si nous comparons ces deux études bien sûr, qui comportement toutes deux des biais ne serait-ce qu’en raison de la taille de leur échantillon. L’étude de la fédération de Wallonie-Bruxelles disposait de 386 répondants.

Il est à noter que souvent, les revenus des auteurs en maison d’édition sont issus de leur à-valoir. Selon l’AGESSA, presque 50% des revenus perçus par les auteurs sont issus de l’à-valoir, quand il y a à-valoir, car selon une étude de la SGDL, 21% des auteurs ne perçoivent pas d’à-valoir. Selon la SCAM, il s’agirait même de 30% des auteurs.

Etude Agessa : Etude AGESSA 2015 et Etude Agessa 2016
Etude SGDL : Etude SGDL 2023
Etude fédération de Wallonie-Bruxelles : Etude Fédération Wallonie-Bruxelles
Etude SCAM : 9e Baromètre SCAM 2023

Répartition des revenus des auteurs dans l’étude de Fed Wallonie-Bruxelles

Évolution des redevances entre 2021 et 2022

Nous avons voulu comparer l’évolution du chiffre d’affaires avec le nombre de livres publiés en 2022, en espérant découvrir que ceux qui ont vu leur chiffre d’affaires diminuer n’avaient pas publié en 2022. Effectivement, 29,2% des auteurs qui ont subi une diminution de leur chiffre d’affaires en 2022, n’ont pas publié en 2022, mais il y a tout de même une majorité écrasante (70,8%) qui ont bien publié en 2022 et ont tout de même observé une baisse de leur chiffre d’affaires.

Dépenses globales 2022

La définition de « dépenses » a été indiquée de la manière suivante :

« Tes dépenses liées à l’autoédition en 2022 (tous frais liés à ton activité d’autoédition, par exemple les frais de couvertures, corrections, publicités, de salons… mais aussi les éventuels abonnements à des banques d’image, de comptables, de frais postaux, formations, achats d’exemplaires…). 

Comptabilise tout SAUF l’URSSAF / les cotisations sociales éventuelles, l’éventuel salaire que tu te verses et les impôts. »

Nous pensons que malheureusement, comme l’indiquent certaines remarques en champ libre en fin de questionnaire, ou par des retours qui nous sont parvenus par d’autres biais, la définition n’était pas assez précise, ou a été interprétée de manière différente en fonction des auteurs. Certains n’ont pris en compte que les dépenses explicitées plus bas et n’ont pas indiqué les éventuels abonnements, salons, les frais comptables, postaux, etc… D’autres ont inclus les cotisations sociales dans les dépenses.

En moyenne, les auteurs ont déclaré avoir dépensé 3037€ pour l’année 2022.

Nous avons cherché s’il y avait une corrélation entre le nombre de livres publiés en 2022 et le montant des dépenses globales. A priori il n’y en a pas. Ce n’est pas parce que l’auteur a publié plus de livres qu’il a dépensé plus.

Nous avons calculé une moyenne de dépenses par rapport au nombre de titres publiés en 2022 par l’échantillon. Nous obtenons un montant moyen de dépenses par livre de 1463€.

Répartition des dépenses des auteurs

Y a-t-il une corrélation entre les dépenses globales 2022 et le chiffre d’affaires 2022 ?

Ceux qui dépensent le plus sont aussi ceux qui génèrent le plus grand chiffre d’affaires en 2022. C’est une corrélation logique et intéressante. Sur le graphique ci-dessous, nous observons que les courbes bleu, rouge et jaune sont principalement présentes dans les premières tranches de dépenses. Plus nous avançons vers la droite du tableau, plus les groupes de CA importants font leur apparition, et ce sont donc les courbes bleu foncé et bordeaux prendre le pas sur les autres. Il y a une forte corrélation entre les dépenses globales 2022 et le chiffre d’affaires 2022. Nous allons d’ailleurs regarder les posts principaux de dépenses.

Rapport entre les dépenses et le chiffre d’affaires

Les frais d’édito

L’édito est le travail effectué par un éditeur sur un manuscrit, ce n’est pas une simple correction orthographique. Il s’agit de vérifier le fond de l’ouvrage. Sur ce point, nous ne sommes pas étonnés de lire que 65,1% des autoédités déclarent ne pas avoir eu de frais d’édito. Attention qu’ils n’aient pas eu de frais ne signifient pas qu’ils n’ont pas eu un édito. Dans l’autoédition, le troc de compétences se pratique beaucoup, les auteurs s’entraident énormément, ou ont autour d’eux parfois une équipe bénévole, qui prend plaisir à les aider avec leur ouvrage. L’édito est fortement encouragé pour tout ouvrage, afin de s’assurer de la qualité du manuscrit avant publication, mais certains bêta-lecteurs zélés peuvent réaliser un travail similaire.

Les frais de couverture

37,1% de l’échantillon déclare ne pas avoir eu de frais de couverture. À nouveau, cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas fait appel à des professionnels. Comme précédemment, le troc de compétences est très pratiqué. Sans compter que certains auteurs sont également illustrateurs ou graphistes professionnels.

Les frais de correction

Nous avons été surprises de constater que 48% de l’échantillon n’a pas de frais de correction, mais en lisant les commentaires en champ libre à la fin du questionnaire, nous avons donc découvert que c’est le poste de dépenses où le troc se pratique le plus, ou le bénévolat. Certains auteurs sont par ailleurs correcteurs, afin d’avoir un revenu accessoire, et s’échangent avec d’autres auteurs-correcteurs leurs manuscrits respectifs pour limiter ce poste de dépenses. Beaucoup d’auteurs font appel à des correcteurs bénévoles, comme des lecteurs grammar-nazi zélés, qui apprécient de pouvoir lire l’ouvrage en avant-première et d’aller traquer les dernières fautes qui s’y trouvent.

Les frais de publicité

Dans l’autoédition, du fait de la focalisation sur les ventes numériques, nous nous attendions à avoir beaucoup de frais de publicité. 28,1% de l’échantillon indique ne peut avoir eu de frais de publicités. Et 33,1% avoir dépensé moins de 249 euros. Plus de 60% des répondants ont donc investi moins de 250€ dans la publicité en 2022.

Nous sommes allées voir s’il y avait une corrélation entre les dépenses publicitaires et le chiffre d’affaires, et effectivement, plus l’auteur dépense en publicité, plus il est dans les hautes tranches de chiffre d’affaires. Dans les tranches de chiffre d’affaires de plus de 30 000 euros, 75% des auteurs ont dépensé plus de 4000€ en frais publicitaires. On retrouve la même logique en sens inverse : 80% des auteurs qui déclarent avoir réalisé moins de 1500€ de chiffre d’affaires sur l’année ont dépensé moins de 250 euros en frais publicitaires au cours de l’année.

 

Conclusion

Il sera très intéressant de suivre lors de l’étude 2024 à venir sur les revenus de 2023, l’évolution du chiffre d’affaires et des bénéfices des auteurs indépendants, ainsi que l’évolution des différents postes de dépenses. Cette étude a pour but de suivre cette évolution et il est difficile d’en parler à l’heure actuelle du fait que nous n’avons pas d’année précédente avec laquelle comparer les données.

La stabilité de l’échantillon n’est pas encore atteinte, nous espérons franchir le cap des mille répondants l’année prochaine lors de la diffusion du prochain questionnaire et obtenir ainsi des tendances plus stables, avec moins de biais.

Nous croyons beaucoup en la professionnalisation de l’autoédition, qui s’est mise en place depuis quelques années. Les auteurs négocient maintenant eux-mêmes leurs contrats d’adaptation en audiobook par exemple. Ils prennent les choses en main, ils contrôlent leurs œuvres et peuvent décider des formats sous lesquels ils souhaitaient la distribuer et la diffuser. Les traductions par exemple, pour partir à la conquête de nouveaux marchés, ont aussi le vent en poupe, et nous songeons d’ailleurs à ajouter une question à ce sujet lors de la diffusion du prochain questionnaire.

Ce qui nous apparaît évident à la lecture des résultats de ce questionnaire, c’est que le marché du livre en ligne est tout à fait différent du marché des librairies. Nous avons à l’heure actuelle identifié trois sous-marchés au marché en ligne : l’ebook, qui est le format préféré des autoédités pour les ventes, le format papier, et l’audiobook. Comme nous l’avons vu, l’audiobook va prendre beaucoup de parts du marché du livre à l’avenir, et il est donc important de réfléchir à cette transformation, à ce changement de format qui s’opère et comment les autoédités peuvent faire partie de cette transition.

Nous tenons à remercier Books On Demand, Kobo et Bookelis pour avoir diffusé le questionnaire ainsi que tous les auteurs qui ont accepté de le partager sur les réseaux sociaux ou à travers leurs newsletters. Nous avons tenu compte de tous les commentaires reçus et ferons de notre mieux pour améliorer cette étude au fil des ans. Nous sommes déjà très fières de pouvoir présenter des données sur l’autoédition en France, et nous savons qu’à terme nous parviendrons à présenter des données stables et les plus représentatives possibles. Ce que nous aimons d’autant plus : nous n’avons pas attendu que quelqu’un se décide à le faire pour nous. Comme dans tout ce que les autoédités font : nous avons pris les choses en main, tous ensemble. Il n’y aurait pas de données à analyser si vous n’aviez pas pris le temps de répondre. Donc merci à vous pour votre participation, car c’est ensemble que nous prenons les choses en main, et ça fait chaud au cœur.

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Jupiter Phaeton

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Avec plus de 400 000 exemplaires vendus de mes livres et plus de 1 000 000 € de redevances KDP générées en moins de cinq ans, mon rêve de vivre de ma plume est devenu une réalité dès mon premier mois de publication.
J’ai envie d’aider les autres à réaliser leurs objectifs et c’est pour ça que j’accompagne des auteurs au quotidien. Je leur partage l’ensemble de mes acquis et de mon expérience pour qu’ils puissent eux aussi vivre de leur plume.

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